Les articles du mois de juillet 2025
Ma lettre d’information épargne financière de BNP PARIBAS

Conjoncture Le bilan des 6 premiers mois de l'année
Comme chaque année, à la même période, nous examinons les tendances économiques et financières à l'échelle mondiale. Nous avons ainsi rencontré Edmund Shing, Responsable de la stratégie d'investissement de BNP Paribas Wealth Management. Il fait l'analyse du premier semestre 2025 et nous donne ses perspectives pour les prochains mois. L'occasion de faire le point sur l'allocation de vos placements avec votre conseiller.
L'un des faits marquants de ces 6 derniers mois est sans nul doute les multiples annonces de Donald Trump en matière de droits de douane. Comment les marchés d'actions ont-ils réagi ?
E.S. : l'annonce, le 2 avril dernier, par le président américain de la hausse des droits de douane à un niveau inédit depuis près d'un siècle, a été un choc pour les pays et les marchés financiers.
Les marchés d'actions ont d'abord réagi assez fortement avec des baisses marquées pour ensuite amorcer un rebond à partir de la mi-avril qui s'est d'ailleurs poursuivi en mai à mesure que les craintes sur les tarifs douaniers s'atténuaient et que la volatilité diminuait. En outre, les tensions entre Israël et l'Iran avec l'intervention américaine ont impacté les marchés d'actions qui ont évolué dans le rouge en juin, affichant néanmoins un repli limité.
Dans ce contexte, si les actions américaines sont quasi stables depuis le début de l'année, celles de la zone euro ont progressé, portées par les valeurs industrielles, bancaires et de la santé.
Les nombreux rebondissements sur les tarifs douaniers ont-ils eu des répercussions sur la volatilité des marchés financiers ?
E.S. : il y a quelques semaines encore, le président américain a continué d'alimenter l'incertitude géopolitique avec de nouvelles déclarations sur les droits de douane, menaçant d'imposer à une taxe de 50 % les exportations européennes vers les États-Unis.
Néanmoins, la volatilité sur les marchés d'actions et d'obligations est en recul et se trouve dans un schéma classique de "retour à la moyenne". Il apparaît que les investisseurs ont relativisé les annonces de D. Trump, estimant que nombre de ses mesures ne seraient jamais mises en œuvre.
Ce contexte marqué par une volatilité plus faible, un dollar américain affaibli et une économie américaine évitant la récession constitue un cocktail favorable à la fois pour les actions, mais aussi pour les obligations d'entreprise et les matières premières. Cependant, nous préférons rester neutres sur les marchés d'actions mondiaux, compte tenu de la reprise spectaculaire déjà enregistrée.
Abordons maintenant le marché obligataire. Quel regard portez-vous sur les obligations ?
E.S. : je pense que la principale préoccupation des investisseurs aujourd'hui devrait être le marché obligataire. Il faut en effet être vigilant.
Aux États-Unis, le déficit budgétaire est assez important, de plus de 6 % du PIB (1) , et le plan fiscal "big beautiful bill", examiné au Sénat et qui prévoit des réductions d'impôts supplémentaires sans efforts de collecte de recettes ou de réductions de dépenses, pourrait porter ce déficit à 7 % du PIB. Cela signifie donc encore plus d'émissions obligataires à prévoir cette année.
Cette situation met beaucoup de pression sur les marchés obligataires américains, notamment pour les rendements des obligations américaines à 30 ans qui affichent un taux de 5 %. C'est aussi le cas pour le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans. Tant qu'il reste sous les 4,8 %, le marché devrait rester stable. Cependant, un dépassement durable des 4,8 % pourrait entraîner des turbulences pour les actions aux États-Unis car les investisseurs pourraient délaisser les marchés d'actions pour investir sur ces bons du Trésor.
Le marché obligataire américain est à regarder de très, très près dans un proche avenir.
L'aggravation potentielle du déficit américain et la hausse globale des rendements obligataires à très long terme ont-ils un impact sur le dollar ?
E.S. : oui. En temps normal, lorsque le rendement obligataire remonte aux États-Unis, le dollar se renforce en même temps. Or, aujourd'hui, on observe l'effet inverse. Le rebond obligataire concerne les obligations à 30 ans mais parallèlement le billet vert baisse. Cette situation est plutôt la réaction d'un pays émergent que d'un pays développé comme les États-Unis. Cela s'explique par les craintes persistantes autour du déficit budgétaire record pouvant aller à 7 % du PIB.
Quelles sont les répercussions pour le dollar ? Nous assistons à un rapatriement des portefeuilles vers l'Europe et l'Asie de la part des investisseurs étrangers, qui détiennent actuellement 7 500 milliards de dollars d'actifs américains (actions et obligations), ce qui constitue un élément clé à l'origine d'une nouvelle baisse du dollar. Aussi, une légère dépréciation du billet vert semble probable à court terme.
Dans l'environnement actuel, quelles classes d'actifs privilégiez-vous ?
E.S. : avant tout, je rappellerai un principe important : la diversification de ses placements. Dans le contexte que nous connaissons aujourd'hui, il est recommandé de privilégier plusieurs classes d'actifs.
Tout d'abord les actions des pays développés mais hors États-Unis , notamment le Canada, l'Australie et la zone euro où la dynamique domestique est soutenue par les investissements dans les infrastructures et la défense.
Les obligations souveraines internationales à haut rendement du Royaume-Uni, de la Norvège, du Canada et de l'Australie sont aussi à considérer. Elles bénéficieront d'une monnaie nationale plus forte que le dollar et de rendements attractifs et de qualité.
Vous évoquiez dans vos recommandations d'investissement les infrastructures. Quels sont les points forts de cette thématique ?
E.S. : les infrastructures sont une classe d'actifs qui, comme les actions, performent bien depuis le début de l'année. En tant qu'actifs réels adossés à des services essentiels comme l'eau, l'énergie, le transport, les télécommunications, les infrastructures offrent un profil défensif et une protection naturelle contre l'inflation.
Si l'on s'attache aux ETF (2) mondiaux cotés en infrastructures, on constate qu'ils ont progressé de 13 % à 15 % (3) en dollars depuis le début de l'année, bien au-delà des 5 % (1) enregistrés par les actions mondiales.
En 2025, la véritable tête de proue de ce secteur est l'infrastructure européenne. Le plan d'investissement allemand dans les infrastructures et la défense, récemment annoncé, a d'ailleurs ravivé l'intérêt des investisseurs, soutenu par des initiatives similaires un peu partout en Europe.
Il apparaît que les fonds d'infrastructures cotés et privés affichent des performances solides et demeurent des actifs de diversification attractifs pour les investisseurs à long terme.
Le renforcement des infrastructures en Europe est-il un élément clé pour la souveraineté européenne ?
E.S. : oui, ces deux notions sont étroitement liées, compte tenu des tensions géopolitiques à travers le monde. Nous assistons aujourd'hui à un nouvel ordre mondial avec l'émergence de nouveaux équilibres. Dans ce nouvel environnement, l'Europe doit redéfinir sa place pour faire valoir ses intérêts ainsi que ses valeurs et retrouver ainsi sa souveraineté dans des secteurs stratégiques.
Par secteurs stratégiques, il faut comprendre bien entendu ceux de la défense et des infrastructures. Mais pas uniquement. Cela signifie également renforcer la position de l'Europe en prenant le virage de l'intelligence artificielle, en finançant la transition écologique… Défense, infrastructures, énergie, technologie, santé… : ce sont autant de secteurs où les opportunités d'investissement sont prometteuses.
Les différentes solutions d'investissement proposées permettent d'ailleurs aux investisseurs de contribuer à la résilience et à l'autonomie de l'Europe dans un contexte où l'Union européenne monte en puissance avec un changement de vitesse budgétaire historique (plan d'infrastructures allemand de 500 milliards d'euros, initiative "ReArm Europe" de 800 milliards d'euros).
Pour connaître les 3 nouveaux placements proposés par BNP Paribas sur les thématiques des infrastructures et de la souveraineté européenne , cliquez sur la rubrique "En aparté".
Achevé de rédiger le 25 juin 2025.
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- (1) Source : OCDE. Retour au texte
- (2) ETF : 'Exchange Traded Fund', également appelé tracker, est un fonds indiciel qui cherche à suivre le plus fidèlement possible l'évolution d'un indice. Retour au texte
- (3) Source : Refinitiv. Retour au texte